Un vieux dicton énonce que les contraires s’attirent, mais ils peuvent aussi facilement se repousser! Dans les équipes de travail, il est courant de référer aux conflits de personnalités entre deux collègues pour expliquer, voire justifier, des rapports de travail tendus et improductifs.
Dans la vie quotidienne, chacun se fait sa petite idée des allures et des caractères de ses partenaires et collègues de travail. Au fil des années, de façon tout à fait empirique et artisanale, on développe la nette impression de saisir ce que l’on nomme les défauts et les qualités des gens. Mais plus sérieusement, il apparaît que la méconnaissance des traits de caractère et des besoins motivationnels des individus a des conséquences néfastes majeures sur la productivité.
Il est donc capital de comprendre avec profondeur ce qui anime les uns et les autres, afin de réduire substantiellement les épisodes de stress engendrés par des rapports inappropriés, quand ce ne sont pas carrément des escalades guerrières! Combien d’heures de travail sont ainsi perdues par manque de collaboration entre employés, combien de temps perdu au bureau du superviseur ou à celui de la directrice des ressources humaines? Tous ces plaidoyers, toutes ces récriminations pour dénoncer l’attitude et le manque de respect de l’autre… Toutes ces incroyables manœuvres pour prouver sa propre innocence face aux diverses accusations; manque de respect, quand ce n’est pas l’ultime grief de harcèlement psychologique!
Que se passe-t-il alors dans la toute simple, mais impitoyable réalité?
Il se passe que…
François n’aime pas se faire déranger continuellement, à brûle-pourpoint par tout un chacun. Robert trouve que les gens sont, en général, d’une lenteur exaspérante. Lise conçoit plutôt mal que son travail soit si peu encadré et que tant de personnes tournent les coins ronds. Nadine se sent à la veille d’exploser, parce qu’elle n’en peut plus de voir certains collègues prendre autant de temps à analyser tous les scénarios possibles avant de se mettre en action.
Il se passe alors que ce qui est sain, voire même très bien pour les uns peut justement sembler être une aberration de la nature et un non-sens total pour les autres. C’est là où ce qui devait pourtant être la force synergique des complémentarités humaines au travail s’exprime plutôt en cauchemar quotidien avec la conséquence d’une perte de productivité et d’une dysfonction organisationnelle difficilement chiffrable, mais qu’on présume être assurément très coûteuse.
C’est là où les gestionnaires se doivent de transformer ce chaos perceptuel en cohabitation fonctionnelle. Ceci, en s’efforçant de comprendre l’origine de ces moteurs motivationnels et comment les régler intelligemment pour que toute cette énergie humaine, ces talents, ces cœurs à l’ouvrage s’activent à livrer la marchandise.
Si, dans votre entreprise, ce type de dissemblances quasi incontournables engendre ce genre de rejets mutuels, prenez le temps d’évaluer vos pertes financières en matière de productivité et songez à investir temps et argent afin de faire la lumière sur ces dynamiques improductives. Ensuite, vous arriverez sans aucun doute à finalement faire naître cette synergie d’efficacité et d’efficience basée sur ce que Henry Mintsberg, ce brillant théoricien de la gestion, appelle tout simplement l’ajustement mutuel.
Auteur:
Daniel Huot, Président